Quatorze années ! Telle fut la durée nécessaire à transformer une simple idée
- étudier puis reconstituer, au moyen d'outils contemporains, le Ciel de l'Egypte ancienne,
en un véritable sujet de thèse dont l'examen du manuscrit puis la soutenance
ont pour la toute première fois rassemblé égyptologues et astronomes renommés.
C'était le 21 mai 2008. En ce jour précis, Toulouse fut capitale mondiale de l'interdisciplinarité.
C'est au Laboratoire d'Astrophysique de Toulouse-Tarbes, ancienne unité mixte de recherche de l'Université de Toulouse et du CNRS (UMR 5572), que j'ai préparé ma thèse de doctorat sur le thème de l'astronomie égyptienne (2002-2008), sous la direction de Robert Nadal, astronome spécialiste de la Grèce antique, puis de Sylvie Roques, Directrice de Recherche CNRS. En 2011, ce laboratoire de l'Observatoire Midi-Pyrénées est devenu l'Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP, UMR 5277).
Intitulé de la Thèse : « Conception d'un modèle de visibilité d'étoile à l'oeil nu. Application à l'identification des décans égyptiens »
Résumé : Sur l'intérieur du couvercle de sarcophages, sur la surface extérieure de clepsydres, au plafond de temples et de tombes datés de l'an 2100 à l'an 50 avant notre ère et disséminés tout le long de la Vallée du Nil, entre Alexandrie et Assouan, figurent vingt horloges stellaires et quatre-vingt listes d'étoiles dans l'ordre de leurs levers héliaques, de leurs levers nocturnes ou de leurs culminations dans le méridien du lieu. Parce que leurs levers héliaques s'effectuaient à dix jours d'intervalle, ces étoiles ont été qualifiées de décanales. Leur identification à des étoiles visibles à l'oeil nu (de magnitude apparente inférieure ou égale à 6) du catalogue Hipparcos a nécessité :
Les apports scientifiques de cette thèse : Ce travail a permis de dresser la cartographie du ciel méridional de l'Egypte ancienne. Il a également permis d'affiner les dates de début de règne de plusieurs pharaons (Sésostris III, Amenhotep I et Thoutmosis III), de mieux connaître la division du temps (nocturne) en heures ... et de dresser la carte du ciel méridional de l'Egypte ancienne !
Ma soutenance de thèse a eu lieu le 21 mai 2008 au Laboratoire d'Astrophysique de Toulouse-Tarbes devant un jury composé de six astronomes-physiciens et d'un égyptologue :
Ma soutenance de thèse a abouti à la délivrance du titre de Docteur en Astronomie de l'Université de Toulouse avec la mention « Très honorable ».
Le 7 décembre 2008, nous étions 24 « jeunes » diplômés d'un Doctorat à recevoir, à l'Hôtel d'Assezat, un Prix de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. Voici le texte de l'allocution du Président de l'Académie : « Le prix de l'Académie couronne les travaux de Mademoiselle Karine Gadré sur proposition de M. Roger Bouigue, Directeur honoraire d'Observatoire astronomique et Professeur d'Université. Mademoiselle Gadré a conçu un ouvrage sur « La conception d'un modèle de visibilité d'étoile à l'oeil nu. Application à l'identification des décans égyptiens ». L'auteur de cette thèse utilise nos connaissances actuelles en Astronomie pour "trier" les étoiles utilisées par les Egyptiens et dresser l'ensemble des tables analogues à celles qui figurent sous forme hiéroglyphique, tables constituant de véritables "horloges stellaires". Au plan scientifique, le travail de Mademoiselle Gadré est une véritable base de travail pour une meilleure formation des futurs chercheurs en archéoastronomie, et d'autre part, il favorise le développement d'une collaboration plus étroite entre Egyptologues et Astronomes.
Une médaille à l'effigie de Pierre de Fermat et gravée du nom de chaque lauréat accompagne l'attestation du Prix de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse.